Les maths, c'est du chinois ! Et les maths en chinois, alors qu'est-ce que c'est ? On a là, raconté de façon très drôle et avec une pointe d'autodérision, l'itinéraire original d'une jeune femme brillante qui met toute son opiniâtreté à venir à bout d'une équation à plusieurs inconnues que nul n'a encore résolue. " La seule véritable aventure, c'est de tout laisser. Un aller sans retour et sans savoir où l'on va. Lâcher prise, se laisser porter, abandonner toute détermination, et le plus difficile, s'y complaire. Déposer les armes devant l'angoisse des lendemains, comme un ultime combat contre soi-même. Voilà, c'est ça, vaincre en déposant les armes. C'est dans cet état d'esprit que j'ai débarqué à Taiwan avec l'idée saugrenue de faire des mathématiques en chinois. " C'est ainsi que Charlotte Pollet nous présente la démarche qui va la conduire, à travers mille difficultés et péripéties – arguties administratives, problèmes d'intercompréhension, enseignement des mathématiques selon des voies inhabituelles et dérangeantes pour un Occidental, acclimatation parfois difficile au pays et aux modes de vie, rencontre avec un Taïwanais et mariage, grossesse au moment de la préparation des examens et du passage des épreuves – jusqu'au dénouement heureux final. Pourquoi ce titre Guang-Gong dit oui ? C'est que Charlotte, lorsqu'elle est à Taiwan, s'immerge complètement dans les coutumes et les croyances du pays. " Un ami taïwanais fervent taoïste m'indique qu'il me faut passer par le temple pour éviter un accident inhérent à mon année de naissance. " Elle se rend donc au temple et on lui indique que Guang-Gong est la divinité la plus adéquate pour livrer des augures dans son cas. " Je demande si mon entreprise à Taiwan va réussir tout en détaillant bien qui je suis et je pioche ensuite au hasard une baguette numérotée dans un imposant cylindre en bois. J'obtiens le numéro soixante. Et on me donne un long ticket rose de papier fin numéroté soixante sur lequel figure la réponse du dieu. L'officiant m'indique que toutes mes entreprises, thèse, études, mariage, enfant, tout, absolument tout... sera une réussite et que très rarement Guang-Gong donne des avis si positifs et si enthousiastes. " Dans les moments de stress ou de découragement, ce ticket rose deviendra pour elle un talisman.
Note de lecture Tangente
C’est le récit autobiographique d’une jeune enseignante de philo qui plaque tout pour aller étudier l’enseignement des maths en chinois. L’auteure raconte ses difficultés, elle qui tente d’assumer ses choix de vie radicaux. Ce qu’elle réussira, d’ailleurs. Au-delà d’un passage en revue des obstacles que connaissent les thésards du monde entier, du dépaysement subi dans un environnement et une culture complètement différents, du au jonglage avec la vie de famille qu’elle se construit en parallèle de ses études (elle accouche pendant la période des examens), l’intérêt du livre réside dans le récit intimiste de la découverte d’un mode de pensée assez déroutant pour un Occidental. Si les théories mathématiques étudiées sont les mêmes, la manière de les appréhender diffère subtilement. Les conséquences sur les méthodes d’apprentissage sont telles que l’auteure doit « réapprendre à penser ». Ce processus, qu’elle réussit à regarder de l’extérieur, sans doute grâce à ses connaissances en philosophie, est esquissé dans le livre. On ne peut que regretter que cette partie n’ait pas été développée davantage. Peut-être dans un prochain ouvrage ?
Marque éditoriale : ASIATHEQUE
Collection : Littérature
Contes et légendes - Contes et légendes d'Asie
Texte en français
9782360571918